Expérience de lecture :
J’ai dévoré ce livre d’abord parce qu’il est très documenté et que j’ai beaucoup appris (histoire de LA CHINE, tracés de la route de la soie, contenus des plans quinquennaux successifs…). Je dois aussi avouer que je suis toujours touchée par la volonté sincère et inébranlable de Denis JACQUET de vouloir mobiliser toutes les énergies pour redonner sa place à la France et l’Europe dans un ordre mondial restructuration. Comme dans le livre sur l’ubérisation dont il est co-auteur, le ton est encore incisif, la critique courageuse et le message est clair. Pas de langue de bois. Même la démocratie, notre ultime tabou, se plie à la critique. On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas. Les coupables sont encore la bureaucratie, le passéisme des rentiers et des états dépassés dirigés par des politiciens sans vision. Pour ou contre les méthodes de LA CHINE, ce n’est plus la question. Et il ne s’agit pas d’être défaitiste, nous avons des atouts et des solutions. Le temps est venu de comprendre pour accepter l’évidence et réagir.
Mon avis :
A lire absolument ! Un livre efficace, une analyse sans concession et des solutions concrètes. Bravo aux auteurs, on est loin des discours académiques sur l’impact des nouvelles technologies et le nouvel ordre mondial. C’est un ouvrage qui sert parfaitement l’objectif : expliquer, alerter et proposer.
LE RESUME ——————————————
Les chinois ont subi pendant plus de trois siècles l’humiliation des occidentaux. Ceux-ci se sont détournés de la route de la soie après avoir copié les secrets de fabrication en laissant des marchands en faillite, ils ont imposé à LA CHINE des traités inégaux après la guerre de l’opium jusqu’à faire de la CHINE une « colonie asservie ».
Revanchards et déterminés, ils reviennent aujourd’hui pour dominer le monde par le commerce et les nouvelles technologies. Ils ont commencé par copier à leur tour pour apprendre et innover et passer en silence du « made in china » au « design and made in china ». Ils maitrisent dorénavant toute la chaine de valeur du marketing à la logistique. Boostés par un marché interne massif et dynamique, ils font déjà des nouvelles technologies le nouvel outil de domination en profitant du gigantesque terrain d’expérience dont ils disposent et de la data massive qu’ils collectent sans états d’âmes.
Ils brandissent leurs success stories et opposent aux GAFA leurs BATX. Ali Baba bat les records d’entrée en bourse, et We Chat est un modèle pour Facebook. Ils envahissent notre quotidien avec les frigidaires connectés, des smartphones et des ordinateurs haut de gamme.
Mais ce qui fait la force de la CHINE c’est surtout son pragmatisme. Pour servir son dessein de conquête elle utilise tous les « outils » (investisseurs, diaspora, étudiants..) et jongle avec tous les compromis (protectionnisme intérieur et ouverture à l’international, économie capitaliste et régime non démocratique). Elle avance inexorablement ses pions sur l’échiquier mondial en dessinant « les routes physiques ou virtuelles qui feront des autres des partenaires ou des otages ». Humble, pacifiste, schizophrène et stratège, LA CHINE ne laisse aucune prise à ses concurrents.
Les nouvelles routes de la soie symbolisent cette ambition de façonner le monde et d’en faire un vaste terrain de relais de croissance pour LA CHINE. Grâce à ce gigantesque projet elle investit massivement à l’étranger, installe ses industries et rachète des ports, des entrepôts et des containers pour faire circuler ses marchandises et sécuriser ses approvisionnements.
Pendant ce temps, les Etats-Unis se replient mais continuent d’investir dans l’avenir, l’Afrique terre des éternelles promesses tarde à se développer et l’Europe en déclin sombre dans le populisme.
Cette Europe incapable d’unité, paralysée par des normes anachroniques et qui au lieu de la croissance promise a engendré la violence et le populisme. Elle doit maintenant se réveiller, accepter l’évidence et s’adapter pour profiter de la puissance chinoise.
L’Europe a encore de nombreux talents et son vaste marché est un atout important. Elle doit imposer son propre modèle, protéger son marché, mobiliser toutes les énergies au service de l’intérêt général et trouver des alliés. Elle doit surtout exiger des contreparties de LA CHINE (faire construire les trains par nos entreprises, octroyer des concessions limitées sur nos ports, et exiger un accès au marché chinois pour nos strat up).
Nous avons 5 ans, 10 ans maximum pour coopérer, s’inspirer et changer la donne. L’Europe doit réagir vite car la prochaine crise financière et la destruction massive des emplois annoncée par la convergence des nouvelles technologies pourraient la faire sombrer dans une rébellion incontrôlable.