Expérience de lecture
Ce titre sans lien apparent avec mes lectures habituelles ne m’aurait pas naturellement attiré, il m’a été recommandé par AMAZON.
J’ai trouvé ce livre passionnant et il reste un de mes grands coups de cœur. C’est l’ouvrage le plus complet que j’aie lu sur le thème de la révolution numérique et ses conséquences. C’est un livre dense d’environ 350 pages truffées d’exemples, d’anecdotes et qui reconstitue en détails la genèse de chaque innovation. L’auteur nous fait profiter de son expérience de journaliste et de ses nombreux voyages pour découvrir, au-delà des bouleversements technologiques, l’incroyable mutation du monde dans ses dimensions géopolitiques, démographiques et économiques. Le sujet du livre, c’est l’incroyable concomitance des mutations du marché (globalisation), de la nature (changement climatique) et de la technologie ( loi de Moore) qui s’alimentent mutuellement pour amplifier le phénomène d’accélération.
Mon conseil : Je vous invite à lire ce livre qui donne le vertige, tant les accélérations décrites sont puissantes par leur vitesse, leur diversité. On est impressionné par le potentiel exceptionnel de transformation de nos vies, de nos sociétés et l’évolution des rapports géopolitiques. Le champ sémantique emprunté aux catastrophes naturelles ( tectoniques, tsunamis, cyclone…) accentue cet effet de perte totale de repères qui est la principale cause de nos angoisses.
Résumé
L’auteur avait remarqué que ses interlocuteurs étaient souvent en retard à ses rendez vous. Il a réalisé que cette pause nécessaire dans un monde qui accélère alimentait ses réflexions. Il finit donc par dire à ses interlocuteurs « Mais non, je vous en prie ne vous excusez pas. Au contraire, merci d’être en retard ! ». Et c’est lors de l’une de ces pauses que ce livre est né.
———————-Friedman est interpellé un jour par le caissier du parking qui lui apprend qu’il tient un blog sur la politique et l’économie de son pays, et espère ainsi changer les choses. L’auteur s’interroge alors sur ce nouveau monde dans lequel un exilé éthiopien cultivé travaille le jour dans un parking et crée un lien la nuit, grâce à son blog, entre des interlocuteurs de plus de 30 pays. Cet homme pouvait donc, grâce au progrès technologique, concurrencer un chroniqueur de renom au New York Times.
L’année 2007 a été jalonnée par une somme d’accélérations majeures qui ont marqué l’histoire sur le plan de la connectivité et de la collaboration entre les individus : lancement de l’I-phone, explosion des capacités de stockage et accessibilité aux big data grâce à des sociétés comme HADOOP, développement de Git Hub qui permet l’écriture collaborative des programmes en open source, essor de Facebook qui sort de son périmètre réservé aux étudiants américains pour aller conquérir le monde, naissance d’Airbnb. Palentir lance sa première plateforme d’analyse de données et d’intelligence augmentée, et IBM commence à travailler sur l’ordinateur Watson pour nous propulser dans l’ère du cognitif.
Mais c’est, suivant la loi de Moore, la puissance de calcul toujours plus grande des processeurs étendue à tous les composants de l’ordinateur, et leur fusion dans le Cloud, qui va propulser la transformation, notamment grâce aux API qui démultiplient la puissance et l’accélération dans le domaine de la connectivité et de la mobilité, avec des progrès importants dans la vitesse de transmission des données dans le réseau mondial. Désormais, grâce à cette croissance exponentielle en puissance et en vitesse, les individus et la multitude peuvent étendre leurs capacités car tout devient disponible, universel, simple et gratuit, et le potentiel de collaboration et de créativité est décuplé.Mais, au-delà de ces changements technologiques, c’est le cumul combiné de l’accélération du marché ( mondialisation) et de la nature (changement climatique) qui amplifie le phénomène, chaque accélération amplifiant les autres. La concomitance et l’interdépendance de ces trois accélérations ont remodelé la géopolitique car nous sommes désormais tous interconnectés et interdépendants.
La difficulté et le défi inédit des politiques publiques est que la croissane exponentielle des technologies devient supérieure à notre capacité d’adaptation. C’est cette « incompatibilité des échelles de temps » qui explique les angoisses des populations et les rend vulnérables à des thèses extrémistes.
Il va falloir trouver les solutions pour nous rendre plus agiles et résilients, car il nous faudra apprendre à accélérer dans un monde qui va continuer à nous imposer une environnement déstabilisant. L’apprentissage de la résilience peut passer par l’observation de la nature qui développe pour survivre l’entrepreneuriat, la valorisation de la diversité et la fédération des espèces au delà de leur spécialisation. Elle « ne confond jamais stabilité et immobilisme ».
La seule solution pour le pouvoir politique est d’innover plus vite que le rythme d’évolution de la technologie, de la mondialisation et de l’environnement. Ils doivent préparer les nouveaux modèles de formation, établir un «nouveau contrat social» pour fournir à la classe moyenne les compétences en lien avec les emplois disponibles, et innover dans les domaines où les machines ne peuvent inventer.
A lire également, lnterview de Thomas Friedman dans Courrier International : Comment résister quand tout s’accélère ?
Et pour aller plus loin en images…