Commentaires et avis :
Ce livre aborde beaucoup de thèmes et j’avoue avoir parfois perdu le fil conducteur au début de ma lecture. Mais au fil de l’eau j’ai été embarquée dans ce voyage efficace et étonnant qui vulgarise les sciences numériques et rappelle à la fois la puissance et les limites des algorithmes. Ce livre est une grande leçon d’humilité.
J’ai été agréablement surprise par les prises de positions assez tranchées de l’auteure. Mea-culpa, il n’y a pas que les scientifiques qui ont des biais, nous aussi humbles lecteurs sommes victimes de nos préjugés…:-(
Mon avis : à lire pour découvrir « l’autre côté de la machine » ou pour le plaisir, tout simplement !
Le résumé :
Nous suivons Aurélie Jean pendant 20 ans dans son voyage au pays des algorithmes. Ce voyage commence en 2000 quand elle reçoit son premier ordinateur, cet objet qui lui va lui « donner des ailes ». C’est un beau voyage fait d’amitiés et d’intelligence collective, de doutes et de sacrifices.
Elle abordera la science et le langage des ordinateurs avec la candeur d’un enfant qui veut comprendre le fonctionnement du monde et les « mécanismes de la vie ». Elle ne s’est pas trompée, les algorithmes et la simulation numérique vont lui permettre de modéliser le monde et de passer, comme Alice au pays des merveilles, de l’autre côté du miroir. Ce miroir qui relie le monde réel et le monde virtuel.
Elle applique sa discipline à de nombreux domaines : prédire l’élasticité d’un tissu cardiaque, simuler les mécanismes d’un traumatisme crânien, automatiser l’écriture d’articles de news financières, comprendre l’élasticité du caoutchouc… Ces expériences lui permettent chaque fois de prendre conscience de la puissance de ces algorithmes qui vont faire tomber devant ses yeux « les barrières du monde réel ».
Mais elle découvre aussi les limites et les dangers des algorithmes et sera confrontée à des décisions éthiques et morales. Elle réalise l’imperfection des modèles, l’infiltration de nos biais cognitifs dans chaque hypothèse et les conséquences graves en termes de discrimination et de renforcement des inégalités. Ces découvertes vont changer sa vision des sciences numériques, elle décidera de traquer ces biais sans répit tout en les acceptant car ils traduisent nos différences.
Malgré ces découvertes Aurélie Jean « défend » les algorithmes, elle préfère appeler leurs concepteurs à plus de responsabilité. Elle accuse les « pseudo-experts » qui attisent les peurs en brouillant le miroir entre le monde réel et le monde imaginaire, les dirigeants politiques qui méconnaissent les sciences numériques et le discours dominant qui fustige des géants de la Tech accusés de manipuler les foules.
La recherche de boucs émissaires nous détourne de notre responsabilité : faire de la pédagogie, œuvrer pour une « culture techno mieux partagée » afin de redonner à chacun son libre arbitre et d’inclure les victimes de la fracture numérique.