Expérience de lecture
Sur le sujet des big data j’avais, comme vous probablement, englouti un nombre incalculable d’infographies pleines de promesses de simplification pour comprendre ce concept difficile à appréhender dans sa globalité.
Après la digestion des nombreux acronymes des « 4 ou 5C » (Volume, Variety…) , « 5S » ( Stratégie, sourcer…) je décidai de m’attaquer enfin à ce sujet. J’avais déjà acquis des bases solides avec « le Big Data » de Pierre DELORT et une bonne vision des enjeux éthiques avec « A quoi rêvent les algorithmes » de Dominique CARDON. Je me posais maintenant des questions sur le rôle de la data dans les business models. J’ai trouvé l’ouvrage intéressant et très bien structuré. Le titre (contraction de data + economics ) tient sa promesse. On comprend bien pourquoi la data est considérée comme le carburant de la nouvelle économie. Tous les sujets sont passés en revue : le processus de monétisation de la data, son rôle dans l’économie des plateformes, son rôle dans les services des smart cities…
Mon conseil : A lire absolument si vous doutez encore de l’importance du rôle de la data dans les décisions stratégiques des entreprises et des services publics, et si vous voulez être conscients des enjeux en termes de gouvernance et de protection des libertés individuelles. Approche à la fois complète et pédagogique.
Résumé
La data est au cœur de toutes les stratégies d’entreprise et devient le « carburant de l’économie numérique ». On apprécie sa valeur sur 3 axes : c’est une matière première quand elle revendue par celui qui la collecte ou l’agrège, un levier quand on l’utilise pour réduire les coûts ou développer les revenus, ou un actif stratégique quand elle permet de se positionner ou de se défendre au sein d’un marché concurrentiel. Elle est souvent comparée à une matière première du fait de sa valeur marchande contre un usage immédiat ou un usage potentiel ultérieur.
La révolution de la donnée portée par la masse et la diversité des datas est le fait de la concomitance de plusieurs phénomènes :
- La multiplication des sources : L’hyper connectivité des individus fait exploser le volume de traces sur le web.
- De nouveaux modèles de production : les API et les objets connectés qui donnent l’accès à des données nouvelles.
- Des facteurs technologiques : la baisse spectaculaire des coûts de stockage et d’analyses.
- La mise en réseau et la connectivité qui, grâce au cloud permet la collecte des données à l’infini.
- La progression de la demande car les individus, les entreprises et les collectivités sont obnubilés par la performance contrôlée par la mesure de l’atteinte d’objectifs quantitatifs.
- La puissance des algorithmes qui ont commencé par décrire, puis prédire, puis prescrire.
La donnée bouscule la chaine de création de valeur. Elle redistribue les cartes entre les territoires, entre opérateurs historiques et nouveaux entrants et entre les concurrents. Elle représente pour les entreprises un levier d’opportunité en leur permettant notamment de :
- Proposer des services hyper personnalisés grâce au machine Learning pour ajuster des contenus sur la chaîne de production.
- Développer des modèles serviciels pour fidéliser le client final et augmenter les barrières à l’entrée.
- Produire la confiance grâce à la notation par les pairs.
- Prendre position dans un nouvel écosystème ( ex : Rachat de N’est par Google) et redistribuer les cartes dans l’économie physique (quand les géants du numérique transforment la voiture en environnement multimédia).
- Faire évoluer en profondeur des modèles d’affaires comme l’assurance qui, grâce à la collecte de données, passe de la mutualisation des risques à l’ajustement des primes selon la situation réelle.
Les auteurs s’adressent :
- Aux décideurs qui peuvent prendre des décisions plus rapides et éclairées mais doivent évoluer vers des processus de décisions plus horizontaux. Ils doivent aussi parfois renoncer à monétiser la donnée et privilégier sa « liquidité ».
- Aux services publics qui peuvent optimiser les services offerts aux usagers mais doivent garder leur souveraineté et leur rôle de régulateur, notamment sur la question de la protection des données.
- Aux individus qui profitent de services hyper personnalisés mais doivent restés vigilants pour se protéger de la « prison algorithmique » qui accentue les inégalités et menace leurs libertés.
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