Couverture du livre "Cétait mieux avant" de Michel Serres
C’était mieux avant
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Facile à lire
Intéressant

Les progrès, dont je viens de dire l’éloge, produisirent une forte espérance de vie qui produisit des vieillards, détenteurs de fortunes non encore héritées. Nombre d’entre eux accèdent au pouvoir pour y installer le refus du progrès. En causalité circulaire, le progrès se freine lui-même.


Les 3 idées clés

  • L’Europe vie une période exceptionnelle de paix depuis 70 ans et c’est bien mieux qu’avant.
  • Les grands papas ronchons ont peur de l’avenir et se réfugient dans le passé dont ils oublient les abominations.
  • Ces grands papas ronchons qui nous gouvernent nous envahissent de leurs humeurs mélancoliques et barrent la route au progrès.

Expérience de lecture

J’avais lu le livre « Petite Poucette » écrit par Michel Serres en 2012. Ce livre était un hymne à la nouvelle génération des années 90 qui devait tout réinventer pour s’adapter à un nouveau monde où tous les repères avaient changé. Je trouvais intéressante l’idée d’analyser cette fois le comportement des « Grands Papas ronchons », adeptes des théories déclinistes symbolisées par le « C’était mieux avant ».

J’ai lu cet essai dès sa parution, toujours impatiente de lire tout manifeste optimiste susceptible de barrer la route aux déclinistes envahissants et déprimants. Cet essai se compose comme une liste à la Prévert de toutes les « malédictions d’avant ». Tandis que « Petite Poucette » nous projetait dans l’avenir, « C’était mieux avant » raconte les souffrances du passé pour relativiser et ridiculiser nos plaintes incessantes. Ça reste la vision d’un Français de plus de 90 ans, et il faut le prendre comme tel, car on ne peut fermer ce livre sans penser que cet optimisme insolent est parfois déplacé dans un monde où la pauvreté sévit et dans un Occident où les classes moyennes se rétrécissent pour laisser la misère progresser. Dans ce livre, la complicité et la tendresse de Petite Poucette sont moins présentes que dans l’essai précédent. Petite Poucette n’est ici qu’un prétexte pour opposer deux époques et traiter du choc des générations. Mais c’est encore une fois l’occasion pour Michel SERRES de protéger cette jeune génération qui doit se concentrer sur un monde à réinventer.  « …face à toi, ma petite Poucette si petite, si douce que je te vois parfois, comme un oiseau, un souffle spirituel. AH ! Si Grand Papa Ronchon pouvait te foutre la paix… ».

Mon conseil : essai très court qui se lit le temps d’un court trajet TGV. Pourquoi pas ? Pour les pessimistes et les grognons ce sera un bon remède et pour les optimistes une simple confirmation que tout ne va pas si mal. Cela permet aussi de relativiser en découvrant que notre vision du monde est très influencée par l’endroit du globe où l’on se trouve.


Le résumé

L’allongement de l’espérance de vie a pour effet d’augmenter le nombre de « Grands Papas ronchons » qui râlent en permanence et affectent le moral des plus jeunes. Michel SERRES, né en 1930, nous rappelle qu’il a connu cette période « d’avant » et qu’il peut donc témoigner que ce n’était pas mieux.

Commence alors une liste de toutes les malédictions apparues dans la première moitié du 20 ème siècle :

  • Les guerres civiles et mondiales, et les conflits coloniaux.
  • L’absence des antibiotiques, de la Sécurité Sociale, des vaccinations, mais aussi  les douleurs et les stigmates indélébiles des maladies infectieuses,
  • Les discriminations insupportables envers les personnes handicapées, les noirs, les juifs, et les idéologies associées répandues et tolérées. Les femmes violées culpabilisées, et les incestes ignorés,
  • L’inconfort et la dureté de la vie quotidienne : le dur labeur, les conditions d’hygiène, les dos abîmés par les grues mécaniques, la souffrance des paysans, les travaux pénibles qui déforment les corps, les hivers sans chauffage,
  • L’absence d’information : des voyages de plusieurs jours pour une destination incertaine, l’angoisse pendant la guerre quand des lettres mettaient des mois à arriver et qu’au moment de la lecture par le destinataire impatient elles étaient vidées de leur sens.

Michel Serres oppose ces réalités à notre vie actuelle, faite de métissage, de liberté, d’accès immédiat à la culture et à l’information, les progrès de la médecine, la condamnation du racisme… Michel Serres n’est pas naïf, il ne dit pas que le monde est bon. Il a simplement la conviction qu’il est meilleur maintenant. Il rappelle que l’Europe traverse depuis plus de 70 ans une période de paix et les réfugiés sont prêts à risquer leurs vies pour atteindre l’Europe. C’est paradoxalement cette longue période de paix qui fait des Grands Papas Ronchons des enfants gâtés.

Il anticipe les arguments des Grands Papas ronchons, nostalgiques de la grandeur de la France, qui se sont enrichis en pillant les pays colonisés et en polluant une planète que Petite Poucette doit désormais préserver. Ils se sont enfermés dans la nostalgie et le refus du progrès. Le danger, c’est surtout que ces Grands Papas Ronchons nous gouvernent, installent le pessimisme, et soient paralysés par la peur de l’avenir.

Pour en savoir plus en images…Interview de Michel Serres à l’émission « La Grande Librairie »



A propos de l'auteur

Michel Serres, né le 1er septembre 1930, est un philosophe, historien des sciences et homme de lettres français. À partir de 1969, il est professeur d’histoire des sciences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi qu’à l’université Stanford depuis 1984. Il est élu à l’Académie française en 1990.


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