Commentaires et avis :
J’avais déjà lu le livre de Luc Ferry sur la révolution NBIC https://ere-digitale-en-resumes.com/resume/la-revolution-transhumaniste/ et celui de Stanislas Dehaene sur la complexité du cerveau humain et la difficulté de reproduire ses fonctionnalités https://ere-digitale-en-resumes.com/resume/apprendre-les-talents-du-cerveau-le-defi-des-machines/. « Ca va pas la tête ! » est un peu la synthèse des deux. Il est plus synthétique, accessible et vivant. Il résume la promesse des transhumanhistes sans développer les questions philosophiques et métaphysiques . Il expose avec une grande simplicité la complexité du cerveau et fait l’état des lieux sur la recherche thérapeutique qui concerne des maladies que nous connaissons hélas très bien : Parkinson et Alzheimer.
Résumé :
Le mouvement Transhumaniste née de la convergence des technologies NBIC nous promet l’avènement un homme augmenté, réparé et immortel. Cette créature post-humaine pourrait s’affranchir de toutes les contraintes (mort, maladie, handicap) pour enfin jouir d’une liberté totale. Les progrès récents de l’IA alimentent à nouveau ces fantasmes mais ces promesses restent simplistes et ne s’appuient sur aucune réalité scientifique.
Les récents progrès du big data et de l’intelligence artificielle sont indéniables. La médecine profite déjà du progrès des nouvelles technologies : séquençage à haut débit de l’ADN, chirurgie et médecine de précision, algorithmes de détection des signaux émis par le cerveau, restauration du toucher par des capteurs liés aux neurones…
Mais le cerveau humain est unique et d’une infinie complexité. Sa connectivité, sa dynamique permanente pour interagir avec son environnement et son exceptionnelle plasticité font que « l’intelligence artificielle est hors course ». Il lui maquera la mémoire et le raisonnement, le sens commun et la conscience de soi, le traitement des interactions sociales, émotionnelles et sensorielles.
Toutes ces capacités ne sont pas « modélisables » et ce n’est pas possible dans l’état actuel de nos connaissances en biologie et neurosciences de reproduire le cerveau humain ou de le télécharger sur une puce. Sans compter que les ordinateurs et les objets technologiques vieillissent aussi et peuvent être exposés à des virus.
Il y a des progrès en biotechnologies et en médecine pour ralentir le vieillissement et améliorer notre espérance de vie en bonne santé. Mais les progrès de la recherche dans ce domaine sont lents et les retombées thérapeutiques sont décevantes. On est loin de comprendre la combinaison des processus musculaires et immunitaires et l’impact des facteurs génétiques et environnementaux qui expliquent les maladies neurologiques et psychiatriques. Malgré les progrès des cinq dernières décennies pour comprendre le cerveau « il y a actuellement un véritable verrou dans la recherche translationnelle, celle qui conduit à des applications médicales ». Et les espoirs sont faibles, même les laboratoires se sont lassés des échecs répétés pour lutter contre les maladies du cerveau comme Alzheimer ou Parkinson. Pour l’instant on ne guérit pas, on propose des prises en charge précoces pour réduire les symptômes en maîtrisant les effets secondaires des médicaments. On tente de ralentir le développement, de proposer des exercices de remédiation cognitive ou de trouver des stratégies de compensation. « La fontaine de jouvence des Transhumanistes est un fantasme bien loin de la réalité biologique et médicale ».
Le projet Trans humaniste est irrationnel et simpliste. C’est une escroquerie organisée par des entreprises cupides qui mobilisent des financements privés très importants quand on sait que les progrès viendront de la recherche fondamentale en biologie. Cette promesse qui « flatte le narcissisme effréné de dirigeants milliardaires » se moque de l’éthique et de la morale et prépare un monde totalitaire et inégalitaire avec une humanité à deux vitesses entre les humains augmentés et les autres.
« L’Homme tel que nous le connaissons, avec ses forces et ses faiblesses, a encore de beaux jours devant lui. »