Expérience de lecture :
Je me suis efforcée de comparer des livres portant sur un thème précis, afin de choisir celui qui me permettrait le mieux de comprendre une technologie aussi complexe. Comment trouver une approche simple et pédagogique sans perdre l’essentiel ? Dans ce livre, tout est analysé : la genèse, l’esprit libertarien originel, le potentiel lié à la combinaison de plusieurs innovations technologiques, les défis à relever. On referme le livre avec le sentiment de comprendre enfin la blockchain, et de percevoir les germes d’une révolution.
Mon conseil : On ne peut pas dire que cet ouvrage est facile à lire : un tel sujet ne s’y prête pas. Mais l’exercice pédagogique est réussi, la rédaction est linéaire, structurée et logique. A lire absolument si vous voulez comprendre tous les mécanismes et les enjeux de la révolution Blockchain.
Le résumé :
– Définition – La blockchain est une technologie qui permet d’opérer des transactions en ligne sans intermédiaires. Elle s’appuie sur un registre de transactions numériques décentralisées, hébergées non par un serveur unique, mais par tous les ordinateurs des membres du réseau. Chaque membre peut consulter, compléter et valider ces opérationsen suivant des règles cryptographiques qui garantissent l’authenticité des informations ajoutées. Chaque transaction constitue une chaîne de blocs publique infalsifiable, transparente, consultable et vérifiable par tous.
Le bitcoin, créé en 2008, est l’exemple le plus connu de la blockchain. Première monnaie virtuelle permettant d’éviter la double dépense, le bitcoin a été utilisée à l’origine sur des marchés prohibés, et a donc suscité la méfiance des milieux d’affaires. Le tournant est pris en 2015 avec la blockchain ETHEREUM grâce à la fonctionnalité qui permet d’automatiser les conditions d’exécution des contrats. On découvre progressivement, au-delà des crypto-monnaies, le potentiel énorme des réseaux décentralisés. Les acteurs traditionnels (banquiers, notaires, commerçants) se sentent à nouveau menacés par les risques de désintermédiation. Ils ne souhaitent pas cette fois se laisser distancer et y trouvent l’opportunité de réduire leurs coûts et d’optimiser leurs process. Les Start up sont l’objet de toutes les convoitises et y voient l’occasion de proposer des services moins chers avec des business models rentables. Chacun prend conscience du potentiel de la blockchain et espère trouver les usages qui feront de la « trust économie » une véritable révolution. Le bitcoin se cantonne progressivement à une réserve de valeur à l’usage du paiement numérique et ETHEREUM devient La blockchain de référence avec des applications infinies.
Au-delà des usages dans les secteurs du paiement en ligne et des contrats notariés, la blockchain s’apprête à bousculer l’économie mais aussi la société et le rôle des institutions publiques.
Les principaux usages, dont certains font déjà l’objet d’expérimentations, sont les suivants : micro paiements et transferts internationaux d’argent avec de faibles coûts de transactions, versements continus de leurs droits d’auteurs aux artistes sans intermédiaires, création de systèmes d’orientation basés sur la prédiction de l’intelligence des masses, financement participatif de l’action humanitaire, mutualisation de la facture énergétique, traçabilité de tous les processus de production et de transport (énergie, matières premières…).
La blockchain est en capacité de réinventer tous les services (e-Commerce, réseaux sociaux…) détenus par les entreprises monopolistiques en version décentralisée. Elle pourrait même repenser le rapport entre l’état et les citoyens, en instaurant un partage des données fondé sur la transparence, et pourrait aussi devenir un outil de « démocratie liquide » grâce à la subdivision,à la délégation et à la pondération des votes.
Mais l’énorme potentiel économique est surtout possible grâce à l’hébergement et à l’exécution par la blockchain des contrats intelligents (smart contracts) et à la combinaison avec les progrès de l’Intelligence artificielle et de l’Internet des objets. La blockchain pourrait ainsi devenir une plateforme qui automatise la communication et la transaction entre les objets, et de ce fait bouleverser les usages notamment dans l’assurance, la logistique et l’industrie.
L’enjeu reste encore d’optimiser la technologie tout en préservant l’essence du modèle basée sur la décentralisation. Les principaux défis sont de permettre des transactions en temps réel en maintenant un processus qui garantit la fiabilité du système, et de garantir la sécurité en maintenant l’absence de contrôle d’un intermédiaire central. Mais c’est surtout la surconsommation d’énergie qui constitue un véritable obstacle a sa démocratisation. Cette consommation est due au choix de la distribution de l’information, qui démultiplie les besoins de traitement des données. D’autres systèmes moins énergivores sont déjà en place mais ils posent à leur tour des problèmes de confiance et de sécurité.
L’économie de plateforme n’a pas tenu ses promesses. Le pouvoir censé être détenu par la multitude a été progressivement concentré entre les mains d’entreprises hyper capitalistiques. La blockchain veut proposer une seconde chance d’émancipation des consommateurs vis-à-vis des banques et des géants du Web en réinventant une chaîne de création de valeurs.
Mais, comme toutes les nouvelles technologies, elle recèle à la fois des menaces et des opportunités. Entre les intermédiaires qui pourraient s’en emparer pour renforcer le contrôle et l’avènement d’un monde fait uniquement d’échanges peer to peer, il y a probablement un juste milieu. Le plus probable, c’est que la blockchain interpelle les acteurs historiques en les obligeant à créer plus de valeur et en réduisant les barrières à l’entrée. Cela permettrait à des start up de proposer des services innovants.
Pour en savoir plus…Par Stéphane Loignon